ARTISANAT

Les artisans mauritaniens perpétuent des savoir-faire, millénaires qu’ils se transmettent de génération en génération tout en les modernisant et en les adaptant aux nouvelles exigences de la vie citadine. Leur génie a créé des objets qu’on ne trouve nulle part ailleurs comme ces « rahlas » selles de chameau qui sont de véritables fauteuils perchés à près de trois mètres du sol ou encore ces « jehfas », bassours dans lesquels la femme en transhumance peut transporter les enfants et tous les objets dont elle a besoins.

Tout le mobilier traditionnel de la tente et de la case témoigne de ce génie. Il n’y a qu’à voir les magnifiques nattes, tressées de fines lanières de cuir souple, enjolivés de dessins et de formes obtenues à partir de produits naturels. Pour fabriquer ces nattes, les femmes du campement s’assemblent au cours d’une « Touiza » (réunion d’entraide), qui obéit à des règles et à des rituels dont l’origine se perd dans la nuit des temps. Tout homme qui s’aventure dans les parages d’une « touiza » est passible d’une amende en nature qu’il doit payer immédiatement (un mouton ou de la nourriture).

Tout le reste du mobilier, récipients, coffres, canaris, lits en bois, « porte-bagages », « tassouvra » (ou valise souple du chamelier) « tiziyaten » (armoire en cuir portable à dos de chameau) outres, matériel d’exhaure de l’eau, montre la capacité d’adaptation des artisans et leur capacité des créer des objets à la fois utiles et beaux.

Les tapis modernes tissés par les femmes reproduisent aussi bien les motifs qui enjolivaient les nattes que les mystérieuses figures qui ornent les façades des demeures de Oualata. Les femmes qui perpétuent cet art dans cette ville historique, ramènent ces motifs à des pratiques ésotériques antéislamiques. Ces mêmes femmes réalisent dans les oasis de nombreux et magnifiques objets utilitaires et bibelots décoratifs à partir de fibres de palmes, qu’elles tissent et colorient.

Dans le sud du pays on trouve les coffres de Mederdra, les croix de Boutilimit et du Trarza, l’excellent travail de maroquinerie des artisans de la vallée, les bijoux remarquables en or, argent, corne, bois d’ébène. Les perles de Kiffa et les tissus du Guidimagha sont célèbres dans toute la sous-région, tout comme les teintures de Sélibaby et de Kaédi, réalisées par des femmes expertes, qui se transmettent ce savoir-faire de mère à fille, utilisant uniquement des produits locaux.

Il y a d’autres domaines où les artisans mauritaniens ont déployé toute leur ingéniosité et leur imagination comme celui de la coiffure et du Henné. Les salons de beauté ne désemplissent pas de femmes désireuses de décorer leurs mains et leurs pieds des arabesques savantes et des dessins originaux que les spécialistes du Henné inventent tous les jours lancent comme modes. Il en va de même pour les ingénieuses coiffeuses qui inventent macarons, tresses souples ou collées, chignons etc.